Les Jeux olympiques et paralympiques (JOP) de Paris impliquaient, pour Arep, des livraisons à ne pas manquer. Comment s’est déroulée cette étape majeure ?
Tout ce qui devait être fini pour les JOP l’a été dans les temps. Outre les livraisons emblématiques des deux gares Eole, à la porte Maillot et à La Défense, nous avons modernisé la gare du Nord. Les cheminements ont évolué, avec des escaliers mécaniques, des ascenseurs… pour mieux guider les voyageurs. La partie la plus visible, c’est la nouvelle halle à vélos avec ses 1 200 places, la plus grande de France.
D’un point de vue urbain, cette transformation a permis d’ouvrir la gare la plus fréquentée d’Europe sur sa partie est. Ce programme est particulièrement signifiant car il prouve qu’il est possible de conjuguer quatre ambitions : coût, délai, qualité et beauté grâce à un travail collectif avec les parties prenantes. Mieux, nous sommes parvenus à réemployer les vitrages de la fameuse « chenille » du Centre Pompidou, ces verres cintrés des escalators de la façade, datant de 1977, déposés lors de la rénovation de 2018.
Outre ces projets hexagonaux, Arep est très présent en Asie. Quels y sont les enjeux ?
Sur les 1 050 collaborateurs du groupe, une centaine travaille ailleurs en Europe et en Asie. Environ 70 se trouvent en Chine où nous sommes présents depuis une vingtaine d’années et identifiés comme un partenaire sur les architectures des transports, les grands équipements publics et les plans d’urbanisme. Côté ferroviaire, nous avons conçu plus de 20 gares pour la CRC, l’équivalent chinois de la SNCF.
Sur la transition écologique, la Chine promet d’atteindre le « net zéro » en 2060 et son organisation laisse à penser qu’elle pourrait y parvenir. Même si la version chinoise de l’atténuation s’appuie beaucoup sur la technologie (véhicules électriques, développement des EnR, etc.), les donneurs d’ordre s’intéressent aux enjeux de sobriété foncière, à la question de l’eau. En Chine et au Vietnam, nos clients sont attentifs à l’adaptation au changement climatique, au confort, et à une « french touch » dans la façon d’aborder le projet écologique.
Pour autant, votre stratégie vise à opérer un recentrage de l’activité sur l’Europe. Pour quelles raisons ?
En regardant une carte des réseaux, on constate que le continent est maillé d’infrastructures ferroviaires. L’Europe, c’est un patrimoine de plus 20 000 gares – moins de 3 000 se trouvent en France. Nous sommes déjà actifs en Suisse, au Benelux, etc. et nous nous attaquons à ce marché très compétitif de l’urbanisme en lien avec les mobilités.
Récemment, nous avons remporté le concours de la gare de Jihlava, ville moyenne du centre de la République tchèque. Notre proposition a plu grâce à un travail subtil sur les flux et une mise à l’échelle frugale. Nous sommes donc principalement eurasiatiques, mais ouverts aux opportunités en Afrique de l’Ouest, en Amérique du Nord ou ailleurs.
Votre priorité est de construire ou de rénover en appliquant la démarche EMC2B, (énergie, matière, carbone, climat et biodiversité). Elle existe depuis un peu plus de cinq ans. Comment se décline-t-elle dans les projets ?
Il s’agit d’une démarche ouverte, open source et non d’une énième certification. Tous nos collaborateurs la connaissent et l’utilisent au quotidien, ou presque. On y arrive via d’importants investissements en formation, avec des conférences et des webinaires, mais aussi grâce à une stratégie centrée sur l’ambition environnementale. Sur les 500 missions et/ou projets par an, environ 130 ont pu être évalués selon toutes les métriques d’EMC2B. Ce socle chiffré constitue une base de référence nécessaire, indispensable pour comparer les programmes, corréler ces métriques à l’usage, ou à l’économie du projet. Ce sont nos « Modulors (1) post-carbone » en quelque sorte.
Avec la crise du neuf, il est tentant de rogner sur les ambitions environnementales. Comment parvenez-vous à convaincre vos clients de ne pas repousser leurs efforts ?
Nous nous adaptons au contexte, au donneur d’ordre, à ses partenaires, et ce, sans idée préconçue. Notre pratique en Asie est d’ailleurs une belle leçon d’humilité, qui remet en question nos réflexes européens. Nous faisons de la pédagogie pour partager les enjeux environnementaux et embarquer les clients. Pour rendre ce sujet plus ludique, les équipes ont d’ailleurs créé un jeu de rôle : le « Frugal Pursuit ». Comme d’autres confrères engagés dans l’évolution des pratiques, et avec qui nous travaillons, nous tentons de gagner des projets « avec moins, mais en mieux ».
« L’optimisation des ressources nécessaires au projet constitue un levier pour réconcilier euros et CO2. »
Concrètement, comment faites-vous pour concilier les enjeux environnementaux avec le budget d’un projet ?
Economie doit rimer avec écologie. C’est pourquoi nous mobilisons d’abord le levier de la sobriété et de la juste quantité d’espace à transformer, à bâtir ou à aménager. Il faut interroger le programme, la question posée, affiner les spécifications en dépassant la prudence initiale… L’optimisation de la matière, c’est-à-dire celle des ressources nécessaires au projet, constitue un levier pour réconcilier euros et CO2. Nous avons référencé un certain nombre de solutions dont le prix de mise en œuvre n’est pas plus onéreux qu’une technique traditionnelle, comme des isolants à base de textiles recyclés ou des peintures à base d’algues, par exemple.
Comment cette pédagogie se traduit-elle dans le chiffre d’affaires ?
S’il n’est pas évident d’identifier la part « EMC2B » dans l’ensemble de notre chiffre d’affaires – de 130 millions en 2023 -, il est certain que nous sommes devenus plus visibles. C’est le cas en urbanisme auprès des collectivités, mais aussi pour nos expertises en data, en design, en programmation ou en assistance à maîtrise d’ouvrage (AMO) environnementale, auprès de Grand Paris Aménagement par exemple. Sur ces 130 millions d’euros de chiffre d’affaires, 80 millions proviennent de nos activités de maîtrise d’œuvre et d’AMO pour SNCF Gares & Connexions, 20 millions en bâtiments industriels, mais aussi 30 millions aux autres clients en France et à l’international.
Vous commencez à être connu pour vos engagements environnementaux. Est-ce que cela facilite le recrutement de nouveaux collaborateurs ?
Oui, bien sûr, mais nous rencontrons des difficultés comme toutes les entreprises évoluant dans notre secteur d’activité. Nous sommes actuellement à la recherche d’ingénieurs en électricité, d’économistes, d’experts en sécurité incendie… Par ailleurs, le turn-over ne représentait que 14,8 % des effectifs en 2023, sachant que ce pourcentage diminue chaque année alors que nos équipes augmentent de manière régulière. L’an dernier, nous avons accueilli 163 nouveaux collaborateurs, avec des profils sensibles à la cohérence et à la sincérité de nos engagements. Pour finir, l’équipe de direction ressemble à nos 1 050 employés, en comptant légèrement plus de femmes que d’hommes.
(1) Le Modulor est une notion architecturale inventée par Le Corbusier en 1945. Cette silhouette humaine lui servait à concevoir la structure et la taille de ses unités d’habitation.
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