La guerre en Ukraine continue de polariser la scène internationale, avec des développements alarmants concernant l’implication potentielle de la Corée du Nord. Ce mercredi, selon les services de renseignement sud-coréens, 1 500 nouveaux soldats nord-coréens ont été envoyés dans l’est de la Russie, portant à 3 000 le nombre total de troupes venant de Pyongyang sur le territoire russe.
Plus tard dans la journée, les Américains déclaraient avoir des « preuves concrètes » de la présence de troupes nord-coréennes dans des bases militaires russes, avec la possibilité d’un futur déploiement en Ukraine pour soutenir l’effort de guerre de Moscou. Un haut responsable américain a déclaré que leur participation éventuelle aux combats en Ukraine pourrait être un signal du « désarroi croissant » de Vladimir Poutine pendant que la guerre continue de faire des ravages au sein des forces russes. « Sur le terrain c’est une vraie boucherie » explique au JDD Jérôme Pellistrandi, rédacteur en chef de la Revue Défense Nationale depuis 2014.
Selon des sources confidentielles citées par le Wall Street Journal, le nombre de pertes russes se rapprocherait 600 000 combattants. Un chiffre qui totalise « les morts, les blessés, les disparues ou encore les prisonniers qui seraient hors de combat » détaille l’ancien général de l’armée de Terre. Dans le cas où les hommes de Kim Jong Un iraient combattre, il s’agirait pour Vladimir Poutine « d’augmenter ses capacités combattantes pour compenser les pertes et d’éviter de faire appel à la jeunesse urbaine de Russie » détaille Jérôme Pellistrandi.
Cependant, si le ministre américain de la Défense, Lloyd Austin, a déclaré à la presse que des soldats nord-coréens avaient bien été localisés sur le territoire russe, leurs actions exactes restent floues. « La possibilité que les Nord-Coréens prennent part au combat, sur le front en Ukraine, n’est pas très sérieuse. Il ne faut pas oublier que la Russie et la Corée du Nord viennent de signer un accord de Défense » rappelle au JDD Jean-Vincent Brisset, directeur de recherche à l’Iris et spécialiste des questions de sécurité en Asie. Auteur de plusieurs ouvrages sur la Chine, il poursuit : « l’intérêt pour Kim Jong Un c’est de bénéficier de l’expérience russe dans le combat à haute intensité, car son armée n’a pas connu de conflit depuis la guerre de Corée en 1953. Or, théoriquement elle est toujours en guerre ».
Démenti de la Corée du Nord
Apprendre aux côtés de l’armée Russe dans des camps d’entrainements pourrait expliquer la présence des soldats asiatiques, mais l’objectif serait aussi sur le plan matériel. Comme dit précédemment, en juin dernier, les deux pays ont conclu un « traité de partenariat stratégique global ». Un accord dont le contenu est confidentiel mais qui ne laisse que très peu de doute sur la livraison d’arme de Pyongyang vers Moscou. « La Corée du Nord est une grosse industrie de Défense, qui produit des matériels de qualité. Ces derniers sont plus ou moins compatibles avec les équipements russes » note l’expert de l’Iris. « C’est du gagnant-gagnant » affirme Jérôme Pellistrandi qui voit la présence de militaire Nord-Coréen en Russie comme une opportunité pour la république populaire démocratique de Corée « d’acquérir du retour d’expérience » sur l’utilisation de ses armes pendant que Moscou élargi ses capacités.
Face aux accusations, la Corée du Nord a catégoriquement nié toute implication militaire en Ukraine. Lors d’une déclaration à l’Onu, un représentant de Pyongyang a qualifié ces affirmations de « rumeurs sans fondement ». Moscou, de son côté, a également rejeté ces allégations, tout en jouant sur l’ironie. Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, a invité la presse à « demander directement à Pyongyang » pour savoir où se trouvent leurs troupes.
Qui dit vrai ? En attendant d’avoir une réponse, l’Ukraine a lancé un appel direct aux soldats nord-coréens présumés. Dans un message diffusé en coréen par les services de renseignement ukrainiens, Kiev encourage ces combattants à se rendre en tant que prisonniers de guerre, promettant de leur offrir « abri, nourriture et chaleur » s’ils décidaient de quitter le champ de bataille.
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