La découverte d’une bombe de la Seconde Guerre mondiale dans la nuit de jeudi à vendredi a totalement mis à l’arrêt le trafic de la Gare du Nord à Paris. S’il n’est pas rare de faire de telles trouvailles, la taille de l’engin explosif est tout à fait exceptionnelle.
Un objet oblong d’environ 500kg, dont 200kg d’explosif, voici les caractéristiques de la bombe découverte dans la nuit de jeudi à vendredi à proximité de la Gare du Nord. Cette trouvaille, réalisée par une équipe d’ouvriers sur un chantier de remplacement du pont ferroviaire des Cathédrales, a causé l’arrêt total du trafic de la plus grande gare d’Europe. La reprise du service, un temps estimée, en milieu d’après-midi, n’aura lieu qu’en fin de journée, au mieux.
« Une bombe de cette taille, c’est vraiment tout à fait exceptionnel »
« Retrouver des bombes autour du réseau ferroviaire, ce sont des choses qui arrivent« , déclare Matthieu Chabanel, PDG de SCNF Réseau. En revanche, « une bombe de cette taille, c’est vraiment tout à fait exceptionnel« , poursuit-il. « On a déjà eu des cas comme celui-là, mais une fois tous les dix ans« . En 2019, un obus retrouvé dans les Hauts-de-Seine avait interrompu le trafic entre la gare de Saint-Lazare et la proche banlieue ouest de Paris.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, « le réseau ferroviaire a été largement bombardé, particulièrement dans le nord de Paris où se trouvaient beaucoup d’usines« , explique le PDG de SNCF Réseau. Les équipes chargées des travaux sur les voies font preuve d’une vigilance particulière lorsqu’elles opèrent dans cette zone. Lorsqu’une situation anormale est détectée, comme la nuit dernière, les équipes de la préfecture de police sont immédiatement prévenues. Ce qui a permis de « diagnostiquer l’engin et de prendre les mesures qui ont été prises ce matin« , ajoute Matthieu Chabanel.
Des découvertes plutôt fréquentes
Depuis le début de l’année, il y a déjà eu au mois six découvertes de bombes de la Seconde Guerre mondiale. Il y a quinze jours, un plongeur a retrouvé dans la Manche un engin explosif de 450 kg. Au début du mois de février, un obus a été découvert sur le chantier de l’aéroport de Nantes. En octobre dernier, six obus ont été découverts à Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne) sur le chantier d’un technicentre SNCF.
Selon, le Service de déminage de la sécurité civile, chaque année, 450 tonnes d’engins explosifs sont collectés et détruits partout en France. Il s’agit d’obus, de bombes larguées par des avions ou encore de mines. D’après un rapport sénatorial publié en 2023, le Service de déminage de la Sécurité civile a mené près de 13.000 interventions concernant des munitions des deux guerres mondiales. Les engins de 14-18 et de 39-45 représentent d’ailleurs les trois quarts des missions de ce service crée en 1945.
Comment se déroulent les opérations de déminage
Lorsqu’une bombe ou un obus est découvert, une patrouille de police ou de gendarmerie est envoyée sur place pour une première évaluation. Ce sont eux qui décident ou non de faire appel aux services de déminage. Cela dépend de plusieurs critères : s’il s’agit d’un engin explosif de grande taille, plus de 70 cm de long et 15 cm de large, ou bien si l’engin se trouve dans un lieu très fréquenté par le public ou encore en cas de danger immédiat (si par exemple de la fumée se dégage de l’engin), alors dans ces cas-là, les démineurs interviennent immédiatement.
C’est exactement ce qu’il s’est passé à la Gare du Nord. Dans la plupart des cas, il n’y a pas besoin que l’intervention soit menée aussi rapidement, cela peut être réalisé plusieurs jours après la découverte. Ce vendredi, tous les critères étaient réunis pour que les démineurs interviennent le plus rapidement possible : la taille de la bombe, son emplacement – situé au milieu des voies et à environ 200 mètres au nord du périphérique parisien- et le fait qu’une conduite de gaz a été découverte sous l’engin explosif compliquent les opérations de déminage.
Une fois sur place, les démineurs procèdent à la sécurisation et à l’évacuation du périmètre, puis désamorcent l’engin explosif. Si cela est possible, le détonateur est retiré sur place. Sinon, l’engin peut être transporté dans un lieu sûr, comme une plage isolée ou une carrière, pour y être neutralisé ou détruit par une explosion contrôlée.
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