Son passage au « dépôt » a duré deux heures. Arrêté chez lui, le 23 octobre 1943 au matin, Isidore Weyl est amené au commissariat du 10e arrondissement de Paris, qui jouxte la mairie, transféré à 13 heures sur l’île de la Cité, d’où il repart à 15 heures. Il sort de cette prison temporaire située sous le Palais de justice, menotté comme un criminel, lui qui, adjoint au maire de l’arrondissement, représentait un peu plus tôt l’ordre et la légalité. Destination fixée par les fonctionnaires de police : Drancy.
Isidore Weyl n’est pas seul dans le fourgon cellulaire qui le mène vers ce camp proche de Paris. Sa femme, Claire, et quatre autres membres de la famille ont été arrêtés par la police en même temps. Motif de l’arrestation : « Juif », est-il mentionné pour tous sur le registre du dépôt, retrouvé par la chercheuse Johanna Lehr. En deux heures, leur vie a basculé.
L’histoire d’Isidore Weyl est celle d’un homme droit, qui, sous la pression, se résout à plier, et termine broyé. Un cas poignant, exemplaire, au point que la Mairie de Paris envisage d’apposer une plaque à la mémoire de cet entrepreneur, peut-être sur la façade du 12, rue de Valenciennes, où il vivait avec sa famille.
Quand survient la guerre, Samuel Isidore Weyl est déjà âgé. Né en 1872, à Dax (Landes), il a fait carrière à Paris dans le transport par bateau, puis la fabrication de bicyclettes. Ce juif assimilé, dont les parents et les grands-parents sont français, est extrêmement attaché à la justice et à la République. Il a pris position en faveur de Dreyfus, puis des républicains espagnols. Il admire Léon Blum, figure socialiste, deux fois président du Conseil, entre 1936 et 1938. A 60 ans passés, il se fait élire dans son arrondissement et en devient adjoint au maire en 1935. Aussi se trouve-t-il aux premières loges lorsque les réfugiés commencent à affluer à la gare de l’Est et à la gare du Nord, situées dans son arrondissement. Au fil des mois, il voit aussi passer les textes, les mesures antisémites.
Règles révoltantes
A l’automne 1940, lui-même se trouve dans le viseur. La loi du 3 octobre 1940 sur le statut des juifs leur interdit toute fonction élective. Isidore Weyl est ravagé. Ce poste d’adjoint est l’« orgueil de [sa] vie », dit-il. Alors il se bat. Le dossier retrouvé aux Archives nationales par Johanna Lehr en témoigne. Weyl écrit au préfet de la Seine, au commissaire général aux questions juives, Xavier Vallat, et à Fernand de Brinon, délégué général du gouvernement français dans les territoires occupés. Puisque la loi prévoit que certains juifs puissent rester à leurs postes en raison de « services exceptionnels » rendus à la nation, il demande à bénéficier de cette mesure. Des élus témoignent en sa faveur. Ils soulignent combien Weyl s’est montré dévoué, actif, efficace.
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