Les Jeux olympiques de Paris organisés cet été devaient être l’occasion de moderniser des infrastructures et d’en construire d’autres dernier cri. Mais bien des chantiers annoncés en grande pompe n’ont pas abouti. Le Point revient sur trois histoires abracadabrantes. Aujourd’hui, arrêtons-nous gare du Nord, à Paris.
Mai 2019, le projet Stationord est enfin lancé après des années de tergiversations : la gare du Nord, à Paris, doit retrouver une seconde jeunesse en prévision de la Coupe du monde de rugby 2023, organisée en France, et surtout pour les Jeux olympiques et paralympiques de 2024. Les promesses sont immenses : un gigantesque toit terrasse de 11 000 mètres carrés avec espace vert et aire de jeu, des équipements sportifs, 2 000 places de vélo, une nouvelle zone commerciale sur trois étages ou encore un espace lounge pour les usagers du Thalys.
Surtout, le terminal de l’Eurostar devait être complètement réaménagé avant septembre 2023 (pour le début de la Coupe du monde de rugby) et un nouveau terminal pour les départs de la gare devait être livré à temps pour le début des Jeux.
Pirouette
Ce chantier pharaonique est porté par la SEMOP, la Société d’économie mixte à opération unique composée de Ceetrus, filiale d’Auchan, et de la SNCF. Mais patatras. En septembre 2021, SNCF Gares et Connexions remercie à grand bruit Ceetrus en déchirant le contrat qui lui avait été attribué en février 2019, après un long appel d’offres.
Elle est, dit-elle, effrayée par l’explosion des coûts, liée en grande partie aux modifications apportées au projet initial pour calmer les esprits échaudés à la Mairie de Paris, qui critiquait un plan trop commercial après, pourtant, l’avoir adoubé. On parlait in fine d’un budget d’environ 1,2 milliard d’euros tout compris – précision d’importance : la somme était apportée par Ceetrus. Mais la SNCF, pour justifier un peu plus son geste, expliquait aussi craindre une livraison des travaux après les JO. Ce que récuse encore aujourd’hui Ceetrus.
Dans tous les cas, le grand lifting a été enterré, et un second projet, beaucoup moins ambitieux, nommé Horizon 2024, a vu le jour dans la précipitation. Avec un petit budget de 55 millions d’euros débloqués, cette fois, par la SNCF. Plus question d’extension de 88 000 mètres carrés supplémentaires, oubliez la nouvelle salle de spectacle, plus question non plus des équipements culturels ou de la salle de sport. Désormais, le but est de réaménager la gare du Nord en l’équipant d’une nouvelle signalétique afin de fluidifier le trafic. Très peu de nouveaux éléments sont prévus : de nouveaux panneaux, de nouvelles remontées mécaniques, la transformation du parvis en gare routière et la mise en place d’une nouvelle station-vélos de 1 200 places.
Une fréquence en hausse
Comment réaménager la plus grande gare d’Europe avec si peu de moyens ? Impossible et, de fait, l’inauguration de la première phase de modernisation de la gare, qui a eu lieu mardi 25 juin, a bien montré qu’aucune modification majeure n’était attendue. À cette occasion, David Belliard, maire adjoint en charge des mobilités auprès d’Anne Hidalgo, a pourtant estimé que « ce projet rend la gare plus accessible, plus lisible et plus écologique, et la reconnecte à la ville ».
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Une seconde étape de modernisation est attendue pour 2027 dans le but de remédier à la saturation du terminal le plus emprunté d’Europe. Il s’agit même d’une nécessité pour les 700 000 voyageurs qui passent quotidiennement par la gare du Nord, d’autant que le nombre d’usagers quotidien pourrait dépasser le million à l’horizon 2030. Cette hausse de la fréquentation attendue pour la fin de la décennie doit d’ailleurs occasionner une troisième phase de modernisation dont la livraison est prévue pour 2032. Une importante hausse de la fréquentation est également à prévoir à l’occasion des Jeux olympiques qui débutent le 26 juillet, en espérant que les nouveaux éléments récemment inaugurés suffisent à absorber ce flux…
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