Une fois le repas englouti, Max, tout sourire, accepte de livrer son quotidien dans le quartier. Et ses contacts avec la police et le milieu associatif. “Je ne déteste pas la police. Mais je ne l’adore pas non plus, entame-t-il. Tant que je n’ennuie personne, je sais que je n’aurai pas de problèmes avec eux. C’est un peu plus difficile quand je suis un peu dedans. Mais bon…”
”Être un peu dedans”, c’est une façon pour Max d’évoquer, sobrement, les moments où il consomme des stupéfiants. Principalement du crack.
L’homme explique avoir essayé de s’en sortir. Faute de place dans les structures d’aide et de soin, il est toujours à la rue et sans solutions pour traiter ses assuétudes. “J’ai essayé, je vous jure, insiste-t-il. Mais une fois, on m’a dit que les mecs dans mon genre, y en avait trop. Et donc qu’il faut attendre son tour. Mais je ne suis pas certain d’y retourner un jour…”
Il poursuit : “En fait, une fois – mais juste une fois, je le jure –, j’ai vendu à un copain quelques babioles, trouvées ici et là, pour pouvoir trouver un peu de quoi consommer. Je suis pas un dealeur, moi. J’ai ni casier, ni rien. Mais depuis, on me considère comme un criminel. On m’a dit que j’étais responsable de ce qui m’arrivait, au lieu d’essayer de me comprendre.”
Et de conclure : “Il y a des aides, mais pas pour tout le monde. Pas pour des gens comme moi.”
Le témoignage de Max, nous l’avons rapporté à Olivier Slosse, le chef de corps de la zone de police Bruxelles-Nord (PolBruNo). “Cette histoire démontre toute l’importance du travail mené dans le quartier Nord et qui a donné lieu à un diagnostic sur les problématiques d’assuétudes et de santé mentale que nous présentons aujourd’hui à la presse.”
Ce diagnostic a effectivement été présenté, mercredi, lors d’une conférence de presse où étaient présents les représentants de la police, du secteur associatif et la bourgmestre f.f de Schaerbeek, Cécile Jodogne (Défi).
Une offre de soins actuellement limitée
Conscients qu’aux abords de la gare du Nord, précarité, assuétudes et santé mentale se mêlent au trafic de stupéfiants et aux faits de violences qui en découlent, policiers, acteurs associatifs et autorités communales ont donc voulu travailler ensemble, pour tenter de mieux objectiver les besoins du terrain. Et y répondre, ensemble.
Tout a commencé en novembre 2022, dans la foulée de l’affaire Thomas Montjoie – ce policier tué par un individu qui, quelques heures avant le drame, s’était rendu volontairement dans un commissariat d’Evere afin de demander une aide psychologique. Les différents acteurs se sont mobilisés pour mener à bien une “concertation Nord”. Elle a débouché sur le diagnostic présenté ce mercredi. Le constat principal – basé sur une étude de terrain réalisée entre septembre 2023 et mars 2024 – est qu’il existe une interaction forte entre précarité, assuétudes et santé mentale.
« Il semblait comme aveuglé par l’envie de les tuer parce qu’ils sont policiers »
Les acteurs sociaux ont également mis en lumière tout ce qui n’a pas permis, jusqu’à présent, la mise en place d’actions concrètes sur le terrain. Par exemple le fait qu’il n’existe qu’une offre locale limitée de service pour les publics ayant besoin d’aide. Les difficultés inhérentes aux métiers du travail social et de la santé (perte de sens, manque de reconnaissance). Ou encore les relations, parfois compliquées, que les citoyens peuvent entretenir avec les policiers.
Il était donc important d’aller sur le terrain, pour entendre les doléances des riverains et sonder les besoins du terrain, avant d’apporter des pistes de réponses.
Guichet unique et salle de consommation à moindres risques
Pas moins de 16 recommandations ont été proposées. Parmi elles, la mise en place de patrouilles de travailleurs “mixtes”, c’est-à-dire rassemblant différents services, la création d’une sorte de guichet unique multidisciplinaire au sein de la gare du Nord et ouvert à tous. Ou encore l’ouverture – sous conditions – d’une salle de consommation à moindres risques.
”L’une des questions que nous devons nous poser, c’est qu’est-ce qui crée, dans notre société, toutes ces inégalités, commente Eric Husson, directeur de l’ASBL Le Projet Lama, qui offre un accompagnement thérapeutique aux toxicomanes en rue. Répondre à tout cela, c’est poser un diagnostic sociétal global, et non plus juste local ou communal. Ces questions, on doit tous se les poser parce que nous constatons, partout, une augmentation de la pauvreté et de la violence sociale, institutionnelle et symbolique. Créer de l’espoir et des perspectives pour sortir les gens de la rue et de leurs assuétudes, ça ne concerne pas que le quartier Nord.”
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