Le saviez-vous ? La gare de la Médoquine à Talence fut l’une des toutes premières gares du Sud-Ouest

Contrairement aux idées reçues, ce n’est pas aux fameux frères Isaac et Émile Pereire que Talence doit son rôle de pionnière du rail. Si les deux banquiers bordelais du XIXe siècle ont bien permis l’arrivée des premières locomotives à vapeur dans le pays et contribué aux débuts de l’essor du chemin de fer dans le Sud-Ouest, c’est grâce à un autre Bordelais que la première gare de La Médoquine fut mise en service, en 1841, comme le rappelle le site internet de l’association « Mémoire et patrimoine de Talence ».

Contrairement aux idées reçues, ce n’est pas aux fameux frères Isaac et Émile Pereire que Talence doit son rôle de pionnière du rail. Si les deux banquiers bordelais du XIXe siècle ont bien permis l’arrivée des premières locomotives à vapeur dans le pays et contribué aux débuts de l’essor du chemin de fer dans le Sud-Ouest, c’est grâce à un autre Bordelais que la première gare de La Médoquine fut mise en service, en 1841, comme le rappelle le site internet de l’association « Mémoire et patrimoine de Talence ».

Le rêve de Louis Godinet

Relier par le train Bordeaux à La Teste-de-Buch, sur le bassin d’Arcachon.

Nous sommes en 1837, sous le règne de Louis-Philippe. Louis Godinet, notaire établi rue Esprit-des-lois, nourrit un grand rêve : relier par le train Bordeaux à La Teste-de-Buch, sur le bassin d’Arcachon. Le 3 juin, il fait déposer un projet de loi relatif à la construction de cette ligne, longue de 52 km.

Déclaré d’utilité publique, le projet qui veut « vivifier sur son trajet les Landes de Gascogne » , est adjugé à l’ingénieur parisien Fortuné de Vergez. Ce dernier crée la Compagnie de Chemin de Fer de Bordeaux à La Teste, approuvée en février 1838. Le 18 avril 1839, le tracé est adopté, l’autorisation d’exploitation est accordée le 1er juillet suivant. Enfin, le 1er août, la nouvelle loi définissant la réalisation de la première ligne ferroviaire réalisée dans la région, et la quatrième en France, est votée.

Les gares de Ségur à Bordeaux et de La Médoquine à Talence voient le jour en 1841

Le parcours du train qui, à l’époque, transporte voyageurs et marchandises compte vingt gares. Première halte depuis Bordeaux : Talence. La capitale girondine n’est pas encore équipée de sa grande Saint-Jean. La Compagnie du chemin de fer de Bordeaux à La Teste est autorisée à construire une gare provisoire en pleine campagne dans le domaine de Ségur, à Bordeaux, près de Talence. Sa première pierre est posée solennellement par le fils aîné de Louis-Philippe, le duc d’Orléans en personne.

Une modeste station qui prend le nom de La Médoquine

À cette époque, les boulevards n’existent pas encore. Talence s’étend au Nord jusqu’à la ruette de Ségur, à quelques mètres de la gare bordelaise. Entre talus et viaduc, il a fallu creuser un profond passage dans les vignes et c’est au début de cette tranchée qu’est édifiée une modeste station qui prend le nom de La Médoquine, la ligne faisant la liaison avec le Médoc. Elle sera transformée plus tard pour devenir la gare de Talence-Médoquine.

Moins de deux ans après le début des travaux, la ligne est inaugurée. Le matin du 6 juillet 1841, tous les notables bordelais assistent à l’inauguration de la gare de Ségur, première gare ferroviaire de Bordeaux, toute pavoisée, en présence d’une foule de badauds. Le cardinal Donnet bénit la voie ferrée et son train.

À 11 heures 45, la locomotive démarre dans un nuage de vapeur et, 1 heure 40 plus tard, arrive en gare de La Teste, pour le prix de 5,50 francs en première. Quel progrès pour les voyageurs qui mettaient, hier encore, 13 heures pour ce même parcours avec la patache à chevaux !

Une histoire chaotique

En 1855, la gare provisoire du Midi – qui deviendra ensuite la gare Saint-Jean, en 1898, – ouvre au public à Bordeaux, rive gauche, dans le quartier de Paludate, pour permettre à la Compagnie du Midi des frères Pereire de desservir provisoirement les lignes du Midi, depuis Bordeaux.

Malgré quelques succès à la belle saison, les voyageurs pour La Teste sont hélas moins nombreux que prévu. La mode des « Bains de Mer » n’en est qu’à ses débuts. La ligne ne connaît un trafic suffisant et de nombreux investisseurs sont ruinés. Elle est sauvée par les frères Pereire, qui se proposent de constituer une ligne de Bordeaux à Bayonne. Le rachat a lieu en 1859, et la Compagnie de La Teste entre dans le giron de la Compagnie du Midi.

Le 10 octobre 1859, deux ans après avoir créé par décret la nouvelle commune d’Arcachon en la détachant de La Teste-de-Buch, Napoléon III répond à l’invitation du maire et c’est en train que toute la famille impériale débarque en train, en gare dans la cité balnéaire, qui doit son essor touristique et thermal au chemin de fer, et aux frères Péreire. Dans la foulée, la gare de Ségur et de Talence, elles, vont fermer aux voyageurs. Premier coup dur.

Réouverture en 1921, nouvelle fermeture en 1949

Lors de la réalisation du chemin de fer de ceinture de Bordeaux, entre 1910 et 1917, la Compagnie du midi construit alors la nouvelle gare Talence-Médoquine. Cette dernière rouvre en 1921.

Mais en 1949, une nouvelle fois, les trains de voyageurs ne s’y arrêtent plus. Seuls les transports de marchandises la desservent. Tout arrêt ferroviaire y est définitivement suspendu en 1987, même si un guichet de vente de billets est maintenu, avant fermeture complète en 2011.

Le RER métropolitain remet la Médoquine sur les rails

Durant des décennies, associations, élus et cheminots vont batailler en faveur du retour d’une liaison ferroviaire ceinturant l’agglomération, et qui passerait naturellement par Talence et la Médoquine, sur la liaison Bordeaux Saint-Jean au Médoc.

En 2018, le projet de RER métropolitain bordelais remet sur les rails l’une des gares pionnières de la conquête du rail dans le Sud Ouest, réduite depuis 1987 à un bâtiment désaffecté, deux voies et des quais déserts envahis d’herbes folles qui voient passer des TGV. Après concertations et mobilisations, la gare devrait entrer de nouveau en service en septembre 2025. Dix-huit mois de travaux permettront de créer quatre quais, censés voir défiler quotidiennement 4 000 voyageurs d’ici 2030.